Vive les p'tits fours !

Publié le par Axel Mac Black

Il y a peu, le dirigeant d’un grand théâtre du Nord me demanda si je pouvais écrire un texte pour présenter Jean-Pierre Nataf, chanteur qu’il souhaitait programmer dans sa salle. Le pauvre était mal tombé. A ma grande honte, je ne connais pas Jean-Pierre Nataf. Je sais seulement qu’il a été chanteur des Innocents, groupe-phare des amateurs de pop et coqueluche de nombreux chroniqueurs parisiens portant lunettes à grosse monture. A part ça… Bon j’y peux rien, les états d’âmes des groupes de pop « je t’aime, mais peut-être pas, j’suis pas bien, demain, un autre jour» me laissent froid, et du coup, je ne suis pas très curieux. Bref, revenons à nos cochons… Naf-naf, euh Nataf. L’autre truc que je sais, pour l’avoir entendu de la bouche de nombreuses personnes, c’est que Jean-Pierre, malgré un press-book dithyrambique allant du Figaro à Libé en passant par les Inrocks ne rameute pas les foules. Me mêlant de ce qui ne me regarde pas, je fis remarquer à mon ami programmateur qu’il aurait peut-être quelques difficultés à remplir sa salle. « Je sais » me répondit-il plein d’aplomb, « mais ça m’est égal, j’adore ce qu’il fait ». Sur le coup, j’ai trouvé ça gênant. Programmer un artiste dont on prévoit qu’il fera un four… sur le dos du contribuable en plus (la salle en question étant largement subventionnée), c’était un peu gonflé, non ? Et puis en y réfléchissant, j’ai trouvé ça très bien. Imaginez un monde où seuls les artistes ayant un succès public pourraient se produire sur scène. Un monde où nous ne verrions en « live » que les artistes estampillés « vu à la télé ». Vous me direz, ce monde existe déjà pour beaucoup de gens qui n’imaginent pas qu’on puisse être musicien professionnel sans passer cinq fois par jour sur NRJ ou sur Virgin Radio. Mais pour les autres… qui aiment découvrir des artistes atypiques, décalés, à contre-courant, dont certains, soit-dit en passant seront peut-être les stars de demain. Finalement mon ami ne faisait que son métier : programmer en fonction de critères autres que le succès commercial d’un artiste. Je ne suis pas allé jusqu’à lui écrire un laïus sur J-P Nataf, mais du coup j’ai écouté son dernier album. Allez, c’est vrai que c’est pas mal foutu.

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J
<br /> eh eh c'est pas Jean-Pierre c'est Jean-Philippe Nataf... un super gars !<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Ah ! J'ai eu peur au début ... la fin de l'article me va mieux ! Évidemment que c'est une très bonne chose de programmer des artistes qui auront du mal à remplir les salles. Je vois cela comme un<br /> challenge pour le programmateur et une certaine ouverture d'esprit, une prise de risque (limitée). Pour les artistes, cela peut-être flippant mais à la fois valorisant (enfin j'imagine). Il faut<br /> ensuite compter sur la communication et le bouche à oreilles. Et même si la salle n'est pas remplie, je ne considère pas cela comme un "four" ni un échec. J'aime autant me trouver au milieu d'une<br /> foule que dans un petit bar ou une petite salle intimiste. C'est tellement simple de céder à la facilité et de programmer d'énormes têtes d'affiches ...<br /> <br /> <br />
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